L'édito de Meuto : la low-tech numérique
3 Oct. 2023
3 min
Le numérique est le secteur dont l’impact environnemental évolue le plus vite (environ 9%/an*) et il prend donc une part du gâteau de plus en plus importante dans l’impact global. À l’heure où s'écrit cet article, le numérique fait plus mal à la planète que le secteur de l’aviation.
Alors certes, les GAFAM visent la neutralité carbone, voir même comme Microsoft, être “carbon negative” en 2030. Mais il va tout de même falloir se retrousser les manches pour que le numérique au global réduise drastiquement son impact.
Une ancienne solution à une nouveau problème
Pour cela, la low-tech fera partie de la solution. Alors vous allez me dire : “Autant une machine à laver, je vois bien comment elle peut être low-tech, mais un outil numérique, je me projette pas bien”. Et bien je suis d’accord avec vous.
Le Low-tech Lab définit la low-tech en 3 mots : utile, accessible et durable. En sommes, du bon sens. de mon point de vue, cette définition est celle d’un bon design numérique. Je suis plus en phase avec l’approche de GreenIT : “[Une conception] qui reposent sur des techniques largement diffusées, éprouvées, maîtrisées (simples à utiliser, fabriquer et à réparer), et qui nécessitent peu de ressources pour être fabriquées.”
La high-tech, complexe, nécessitant beaucoup d’interconnexions entre les machines, beaucoup de puissance de calcul, des appareils récents, n’est pas toujours utile. Je ne dis pas qu’il faille renoncer à ces innovations technologiques, à continuer de pousser la R&D sur l’intelligence artificielle, etc. Au contraire, je pense que cela va apporter beaucoup de solutions qui pourront faire beaucoup de bien à la planète (sûrement moins pour l’attention de nos cerveaux et notre intelligence sociale mais c’est un autre sujet). En revanche, la majorité des services que nous concevons aujourd’hui ne nécessite pas cette complexité et pourrait reposer sur des technologies connues, optimisées, faciles à utiliser, fabriquer et réparer.
Un exemple qui est souvent utilisé est celui d’une map dans les pages "Contact" des entreprises. Faire appel à une carte Google par exemple est assez lourd car elle fait appel à une librairie d’images (tuile) de carte, avec plusieurs couches d’information, des fonctionnalités (zoom, déplacement, etc). Si l’on questionne le besoin, l’utilisateur peut avoir plusieurs usages :
- Avoir la curiosité de l'endroit où se trouve l’entreprise. Dans ce cas, une image avec des points de repères suffirait.
- Avoir besoin de se rendre dans cette entreprise, auquel cas, il va plutôt devoir copier l’adresse pour le mettre dans son application Google offrant la navigation. Un lien ouvrant Google Maps avec la destination serait alors plus utile.
Dans ces 2 cas, la solution est plus low-tech (une image ou un bouton).
Ces technologies “basiques” ont été tellement éprouvées qu’elles ont plein d’avantages :
- Elles fonctionnent sur des appareils plus anciens (ce premier iPad que vous avez eu et que vous avez refilé à votre mamie pour qu’elle lise des mails),
- Elles utilisent moins de ressources tellement elles ont été optimisées avec le temps. De la batterie économisée, ça veut dire une longévité plus grande pour nos appareils.
- Elles sont robustes, donc moins besoin de réparer.
- Elles coûtent moins cher à la conception.
Je vous vois venir : “OK mais je veux pas que mon interface ressemble à Windows 95 moi !”. Je vous rassure, moi non plus ! Heureusement pour nous, tout ce qui fait la couche visuel, notamment le CSS, fait partie de ces technologies éprouvées et optimisées.
Certains projets nécessiteront de faire de la high-tech, mais (im)posons nous toujours la question en début de projet : Ai-je vraiment besoin de cette fonctionnalité ? Oui ? Comment peut-on la faire avec des technologies basiques ?!
Pour aller plus loin sur la low-tech, je vous conseille ce livre blanc super complet et très bien écrit de Ritimo : Low tech : face au tout-numérique, se réapproprier les technologies
*https://www.ecologie.gouv.fr/feuille-route-numerique-et-environnement
A bientôt ?